La mode, un éternel recommencement
Partie 1: La taille basse
Ola Bellas!!!
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je suis désespérée en ce moment… Impossible de trouver la moindre fringue taille basse dans les magasins de nouveautés de Basse-Terre. J’ai demandé aux vendeuses, aux gérantes et gérants ; même réponse sans appel : “c’est pas la tendance du tout en ce moment, on est sur du taille haute… Yen n’a pas de fabriqué, va falloir attendre de voir si ça revient”
Alors j’attends, j’attends.. Mais en attendant je réfléchis que ça fait déjà un moment que je n’en trouve plus de ces chers “taille basse”, et les miens rendent l’âme au fur et à mesure, vaillants compagnons tombés au combat . Du coup je me suis posé des questions (ou plutôt je les ai posées à notre ami Goo…), des tas de questions ! Et je dois dire qu’il a éclairé ma lanterne au-delà de mes attentes, j’ai appris plein plein plein de choses !!
Mais revenons à mes préoccupations premières : à savoir verrais-je cette particularité du look années 2000 si chère à mon corps (j’exagère à peine, je jure) revenir sur le devant de la scène (et dans les rayons) ? J’ai donc remonté la chronologie de l’histoire de la Mode jusqu’à ses débuts et voici ce que j’ai trouvé :
First of all, les débuts de la Mode comme on l’entend !
Tout commence au milieu du 19e siècle, avec les 1ers défilés de Charles-Fréderic Worth (1825-1895), couturier anglais œuvrant à Paris, où il crée la première maison de Haute-Couture. Il révolutionnera dans bien des aspects le monde du textile, mais intéressons-nous ici à sa révolution première.
Il sort des sentiers établis : jusqu’alors les couturiers travaillent à la commande, le client vient avec une demande, le couturier la réalise, il est un artisan ; Worth lui va créer la Haute Couture et porter son travail au rang d’artiste.
C’est à dire qu’il va créer des modèles de son cru, ses propres collections, qu’il vêtira ensuite pour la première fois sur des mannequins vivants qu’il fera défiler dans de luxueux salons de la capitale où seront réunis des clientes aisées et fortunées. Les collections sortent régulièrement, ainsi est aussi créé le concept de saisons dans la mode (automne/hiver – printemps/été)
A cette époque, la mode s’adresse à l’aristocratie et à la grande bourgeoisie, clientèle plus aisée et au style de vie (bals et autres réjouissances de “la Saison”) permettant l’usage de telles toilettes. La tenue est un reflet de la position sociale plus qu’une expression de sa propre personnalité.
Le corset est d’usage et les femmes voulant porter un pantalon doivent demander un “permis de travestissement”😲😲, soit la permission de s’habiller en homme, à la Préfecture de Police de Paris (ordonnance 1800 s’il vous plaît) et la robe, ou la jupe, est donc la norme.
C’est aux alentours du 20è siècle que l’on va chercher à affirmer un peu plus sa personnalité propre plutôt que son simple statut social à travers sa tenue. Avec la démocratisation de l’électricité, l’industrialisation du monde du textile est en pleine expansion, les prix de production chutent et la mode va des grands salons luxueux aux magasins modestes ; de la Haute Couture, qui donne déjà le la, aux petits couturiers et magasins pour les plus modestes bourses.
And soooo…. Welcome to the 20’s ! Oui madame !
Les premières traces de taille basse apparaissent à cette époque, c’est l’après-guerre, les femmes sont sorties de leurs robes de maisons peu pratiques, et elles veulent continuer à avoir une activité autre que juste domestique. C’est une période d’émancipation de la femme, qui se traduit en partie par sa tenue vestimentaire. Elles cherchent des vêtements moins contraignants même si le pantalon reste l’apanage de l’homme en extérieur, à quelques exceptions près.
Première révolution, le corset est abandonné, la guerre lui a été fatal 😝 et la lingerie a dû évoluer pour s’adapter aux conditions des femmes durant la guerre. Et puis allez danser le charleston avec un corset… La taille descend aux hanches pour plus de confort, la jupe est plissée, froncée ou fendue et la longueur arrive au genou, pour une meilleure amplitude de mouvement.
C’est justement ce confort que j’aime dans le fait qu’un vêtement soit taille basse. Mon ventre n’était déjà pas fan de la compression d’un “taille haute” ; mais après avoir porté 3 enfants, il me fait cruellement regretter (de manière immédiate donc je me change illico, ou plus vicieusement au cours de la journée…🤢😩😫) dès que je lui inflige ce genre de supplice.
L’accent est aussi mis sur les accessoires. On ornemente de paillettes, sequins ou de perles les tenues, le bas de robe est frangé afin de créer un subtil et sexy jeu de voilé/dévoilé sur cette partie qui affole les bien-pensants de l’époque… la jambe. Franges, plumes et frou-frous donnent du mouvement à la robe et sa propriétaire. Et un chapeau ou un headband parfait la tenue.
Then came the Sixties and Seventies… les révoltées
Donc nous voici à la sortie de Fifties toutes en courbes. Il y a un vrai bouleversement dans la mode. Le prêt-à-porter prend le dessus sur les maisons de Haute-Couture dans l’instigations des modes. Les tendances partent maintenant de la rue, elles sont inspirées par la jeunesse. Les demoiselles veulent plus de liberté de mouvement (la tendance était aux courbes intenables sans l’aide d’une gaine), donc la poitrine s’estompe, la taille se floute, et pour s’émanciper du look sage de maman, les jupes se raccourcissent grâce à Mary Quant qui invente la mini-jupe entre autres.
Le port du pantalon pour les femmes s’est beaucoup démocratisé durant la dernière décennie.
Le pantalon taille-basse à proprement parlé est apparu dans les années 60, porté par les hommes comme par les femmes. La tendance du moment est à l’unisexe, au look androgyne, on cherche donc à atténuer les courbes et à faire des vêtements portables par les 2 bords, le marquage de la taille est relégué au look des vieux. 😝
Les jeans se répandent aussi parmi everybody !!!
Il y a quelques sous et contres cultures qui commencent à apparaître. Le skate prend son envol, les contestataires hippies font leurs premières manifestations pacifistes, le hip hop né dans le Bronx (d’ailleurs la caraïbe a sa part d’influence dedans, eh ouais✊😁), le reggae en Jamaïque, les punks secouent le rock. Tous ces courants ont des codes vestimentaires (que je plussoie) où le confort d’un bon pantalon taille-basse a sa pleine place.
Let’s go nearby the new millenium !!!!!
La mode a beau avoir réussi de nouveau à faire remonter la taille clairement pendant une période, la culture H.I.P-H.O.P (dans toute sa diversité) a fait son bout de chemin de son côté et s’est répandu dans une plus grande partie de la société. Les skateboarders et surfeurs ont une belle côte eux aussi. Le punk rock fait un retour en force. Le ragga et la dancehall déferlent dans les Antilles, puis dans le reste du monde. Même la pop adopte les codes communs à ces différents courants.
La mode a beau avoir réussi de nouveau à faire remonter la taille clairement pendant une période, la culture H.I.P-H.O.P (dans toute sa diversité) a fait son bout de chemin de son côté et s’est répandu dans une plus grande partie de la société. Les skateboarders et surfeurs ont une belle côte eux aussi. Le punk rock fait un retour en force. Le ragga et la dancehall déferlent dans les Antilles, puis dans le reste du monde. Même la pop adopte les codes communs à ces différents courants.
Chaque domaine a ses idoles : Missy Eliot, Destiny’s Child, J’lo, Kelly Slater, Tony Hawk, Gwen Stefani, Pink, Shaba Ranks, Shaggy, Sean Paul, Britney Spears… Et n’oublions pas de citer les Spice Girls et leur travail pour le Girl Power et l’émancipation de la femme dans sa tenue. 😁😍
Le style streetwear est très présent : baggy chez les garçons comme chez les filles. Tout comme un style très sexy, les nombrils s’échappent des pantalons comme des hauts, (les ficelles des strings aussi parfois). Les années 60/70 soufflent un vent de nostalgie et les pattes d’éléphant sont revisitées en overbasse pour la taille et oversize pour les jambes. On ne voyait plus ni mes pieds, ni mes chaussures, ni même le sol 😁.
La Haute-Couture a aussi fini par succomber au mouvement et les podiums, Gucci le premier, sont envahis.
On trouve TOUT en taille basse : pantalon, jeans, jupe, mini-jupe, short, corsaire. Le taille haute disparaît même, au plus haut on trouve de la taille intermédiaire (entre les hanches et le nombril).
Avant une funeste répétition du cycle de la mode courant années 2010……😖😓😥😭😭
Pour arriver à mon désespoir crié plus haut.
Heureusement, une gentille re-belle m’a rappelé cette nouvelle tendance en gwada, que j’attendais aussi : les boutiques de seconde main et d’upcycling (ouais, moi j’attends les nouvelles tendances avant même qu’elles arrivent, je suis visionnaire !!!) Je vais m’organiser un périple et qui sait, je reviendrai peut-être vous en parler….
Belles et re-belles que vous êtes, j’espère que mon dilemme vous a instruit si vous le souhaitiez, amusé me va aussi !!! Et qu’on repassera quelques temps ensemble bientôt !
Et pour vous quitter sur une note vraiment heureuse, sachez que mes recherches m’ont fait tomber sur THE pépite : the Taille basse IS back sur les podiums pour la nouvelle collection !!!! (Oui, faut compter le temps que ça arrive en prêt-à-porter, mais ce n’est qu’un détail !)
Crédit photo :
Valentino – Spring 2022
Photo : Courtesy of Valentino
Tom Ford – Spring 2022
Photo : Filippo Fior / Gorunaway.com